Petite histoire de la navigation sur l’Isère


Écrit par Romane FRANCOIS
 Le 2 novembre 2020

Photo ancienne Grotte de Choranche

Aujourd’hui le Bateau à roue, reliant Saint-Nazaire-en-Royans à la Sône, est l’unique bateau à passagers naviguant sur l’Isère. Il permet de découvrir une rivière calme, paisible, et peu fréquentée, bien loin de celle des siècles derniers… Retour sur la riche histoire de la navigation sur l’Isère au fil du temps (et de l’eau !)

La navigation sur l’Isère : un axe important de l’Antiquité jusqu’au XIXème  siècle

Avant les barrages, la rivière était navigable 100 à 120 jours par an. Durant l’été, en raison des sécheresses, l’Isère était très souvent à sec et au printemps, les crues rendaient la navigation impossible. La descente pour les radeaux était périlleuse, l’Isère étant étroite et à fort débit. Les embarcations étaient peu manœuvrantes, les écueils et bancs de sable ou de galets nombreux et malgré les vigilances, les accidents étaient fréquents et parfois mortels. 

Depuis Montmélian, les mariniers descendaient l’Isère jusqu’au Rhône et rejoignaient ensuite la Méditerranée. L’Isère fut primordiale car elle a été le seul lien entre les Alpes et le midi de la France, du Moyen-âge jusqu’à la fin du XIXème siècle. Elle a permis de désenclaver le territoire et a favorisé les relations humaines et économiques entre ces deux régions.

Photo ancienne Bateau à Roue
Extrait du livre L'Isère au temps des Mariniers- (ADD FI00125) Radeau devant un moulin à Chateauneuf sur Isère, début 20eme siècle

Le commerce fluvial sur l’Isère

La descente de marchandises démarrait depuis Montmélian en Savoie et se terminait dans certaines villes aux ports commerciaux importants telles que Arles ou Beaucaire. Il fallait compter 6 jours de navigation aux bateliers, pour rejoindre le Midi de la France par le biais de l’Isère puis du Rhône.   

Les marchandises transportées sur les embarcations étaient lourdes, encombrantes et variées. On y retrouvait entre autre de la chaux, du plâtre, du minerai de fer de Grenoble, des noix, du bois du Vercors, du charbon de bois, du tuf de la Sône…

Ces marchandises étaient transportées sur des embarcations de différents types comme notamment des radeaux, qui pouvaient mesurer jusqu’à 23 mètres de longs et transporter jusqu’à 15 tonnes de marchandises.

Pour la remontée vers le Dauphiné, des chalands de 25 mètres de long chargés de produits du Sud tels que du sel, du poisson séché, des huiles du vin, des épices, étaient tractés par des attelages de boeufs placés sur les chemins de halage, le long de l’Isère.  

Cette rivière était alors un véritable axe commercial. Jusqu’à mille radeaux annuels descendent l’Isère au début du XIXème siècle. Elle permettait par ailleurs de générer des activités diverses et variées faisant vivre tout un monde : mariniers, pêcheurs, éleveurs de boeufs, maréchaux-ferrants, cordiers, fustiers (travailleurs du bois)... Activités qui viendront à disparaître dès le XIXème siècle, avec l’abandon progressif du transport fluvial.

Photo ancienne Bateau à Roue
Extrait du livre L'Isère au temps des Mariniers de l'association Sauvegarde du patrimoine romanais-peageois- Bac à traille de la Baudière Saint Lattier vers 1900

Le déclin de la navigation sur l’Isère

L’arrivée du train en 1864, date de la construction de la ligne de chemin de fer reliant Grenoble à Valence, va concurrencer le commerce fluvial qui sera peu à peu délaissé au profit du transport ferroviaire, plus rapide et surtout, moins dangereux. 

Par la suite, l’amélioration des routes à la fin du 18e siècle et la construction de barrages hydroélectriques au début du XXe siècle vont mettre un terme à la navigation fluviale et l’Isère sera même retirée de la liste des voies d’eau navigables en France en 1957.

L’Isère, une rivière transformée par la construction des barrages


Le Bateau à roue navigue entre les villages de Saint-Nazaire-en-Royans et de La Sône, sur les rivières Bourne et Isère. L’Isère, rivière sur laquelle une grande partie de la croisière se déroule, prend sa source dans les glaciers des Alpes à 3000 mètres d’altitude. Elle fait 300 kilomètres de long et se jette dans le Rhône à Pont d’Isère, une ville située au nord de Valence. Actuellement, le Bateau à roue, navigue entre les barrages de Beauvoir-en-Royans et de Saint-Hilaire-du-Rosier. Sur la basse Isère, c’est-à-dire entre Grenoble et le Rhône, 6 barrages EDF ont été construits tout au long du XXe siècle, produisant de l’énergie avec le courant de l’eau et maintenant un niveau haut et constant, empêchant ainsi les inondations. 

Le plan d’eau est calme, sauvage et tranquille, le franchissement de l’Isère étant impossible en raison de l’absence d’écluse au niveau des barrages. Le barrage en aval de Saint-Hilaire-du-Rosier a été construit en 1958. Lorsqu’il a vu le jour, le niveau de la rivière est monté de 3 à 4 mètres, la rivière s’est élargie, le courant a ralenti et le limon transporté par la rivière s’est déposé contre les berges, formant les roselières actuelles.

Pour en savoir plus : nous vous conseillons le livre L'Isère au temps des mariniers de l'association "Sauvagarde du patrimoine romanais-péageois", à retrouver sur https://romans-patrimoine.fr/

Photo ancienne barage
Extrait du livre L'Isère au temps des Mariniers de l'association Sauvegarde du patrimoine romanais-peageois- (Collec. G.Larderet) Barrage de Pizançon 1931